Mercredi 29 juin, Monsieur Nicolas Planche, membre de l’ANACR 48, est venu présenter une conférence pour le CER BB, à l’Espace Jean Jaurès à Mende.
Comme le constate l’historienne Anne Simonin, l’histoire de la résistance médicale dans son ensemble reste à écrire. En effet, les autres professions libérales ou gendarmerie, justice ont donné lieu à des études. Pas le corps médical. Cet oubli est d’autant plus regrettable, que la Résistance est bien loin de se limiter à la seule image d’Epinal de maquisards combattants les armes à la main. Elle se décline en de nombreux champs d’études qui intéressent de plus en plus les historiens : Résistance spirituelle, Résistance civile, Résistance de solidarité...
A la différence des écrivains, les médecins font l'objet de la plus grande sollicitude du gouvernement du maréchal Pétain, du moins en apparence. Dès octobre 1940 est satisfaite l'une des plus anciennes revendications du corps médical : l'instauration d'un Ordre des médecins. De l'automne 1940 au printemps 1942, si ne s'ouvre pas à proprement parler une « lune de miel » entre Vichy et les médecins, on reste quand même dans le registre de la très bonne surprise. Mais la levée de l’obligation du secret médical, en contradiction totale avec la déontologie professionnelle (bien incarnée par le serment d’Hippocrate), entraîne une rébellion immédiate et inattendue de par son ampleur par Vichy même. C'est ainsi que devait s'établir un véritable réseau de complicité médicale qui fait qu'il n'y a pratiquement jamais eu de combattants volontaires de la Résistance qui n'aient pas bénéficié de soins appropriés avant 1944, que ce soit dans des cabinets de médecins amis à l’exemple de ceux du Docteur Louis Mallet à Saint-Flour ou du Docteur Marc Monod au Malzieu ; ou que ce soit dans des hôpitaux à l’exemple de celui de Saint Alban dirigé par les docteurs Lucien Bonnafé (Responsable du Front National des Médecins) et François Tosquelles.
La création en Octobre 1943 du Comité médical de la Résistance et la décision de créer un Service de Santé dans chaque maquis modifient totalement la donne. Créé début Mai 1944 sous le commandement de Max Menut (alias Bénévol) et du capitaine Jacques Alcalay (alias Toubib), à proximité de l’Etat Major du Maquis du Mont Mouchet siégeant dans la Maison forestière, le poste de commandement du service de santé sera transféré dans le presbytère désaffecté du village de Maurines le 12 juin et ce jusqu’au 20 juin 1944. Le Service de Santé était formé notamment par Georges Canguilhem, Paul Reiss, professeur Bloch-Michel (Poulain), Pierre Nugou (Pernod), Roger Guignard, Marcel Chomard, Anne-Marie Menut, Laurette Meyer-Geismar-Schlessinger, Jean Simon, Daneel, Charles Berenholc, Jacqueline de Chambrun. Le docteur Louis Mallet, de Saint-Flour, et Henry Ingrand (Rouvres) le rejoignaient souvent.
Commence alors un long périple pour échapper à l’encerclement de l’ennemi et amener les blessés jusqu’à l’hôpital psychiatrique de Saint Alban. Avec humanité et dévouement de nombreux personnels de Santé vont venir grossir la liste des noms « de la martyrologie » de la Résistance que ce soit le Docteur Mallet, le Docteur Reiss ou Marinette Menut.
Presque 80 ans plus tard il était important de retracer une partie de la vie et du noble idéal qui a soutenu tous ces hommes et ces femmes engagés dans le combat pour la Liberté. Comme le note Max Menut dans son rapport sur le Service de Santé :
« Pour arriver à ce résultat final, perdre six blessés sur soixante-cinq, en partant de Maurines dans la direction où se trouvaient les Allemands, sans aucun moyen de transport, il a fallu que tous les employés du service sanitaire fassent des prodiges de sang-froid et de courage, et moi seul qui les ai vus à l’œuvre peux juger combien ils ont été à la hauteur de leur tâche ».