... Une renaissance exemplaire et réussie !
En 1805, sous Napoléon, l'inventaire des moulins de Lozère faisait état de 1238 moulins :
1234 moulins à eau (soit 1 moulin tous les 1,3km) et 4 moulins à vent, tous situés sur le Méjean "le grenier de la Lozère" dont le moulin de La Borie.
Ce dernier, sur la commune de Hures-La Parade, appartient donc à cet ensemble de moulins à vent construits entre le XVII° et le XVIII°. Certains sont encore "visibles" : Saubert (Commune de Hures-la Parade), le Pradal (Commune de Florac), Reisse (Commune de La Malène). D'autres ont , hélas, disparu...( Les Aures, Commune de Gatuzières, Pauparelle Commune de Meyrueis). On recensait en 1689 , un meunier à Meyrueis...
Les moulins à vent du Méjean sont peu à peu délaissés et s'en suit, pour celui de La Borie un long, très long sommeil de 1869 à 2017, année de sa renaissance !
De l'histoire d'un renaissance...
Hyelzas...Un enfant du pays, devenu retraité, Michel PRATLONG se souvient de son rêve d'enfant : si les ailes du Moulin de La Borie se déployaient à nouveau et tournaient aux vents caussenards ? Un rêve fou ? Une idée farfelue ? Un projet audacieux ? Il en parle au maire de sa commune d'Hures-la-Parade , André BARRET et à son Conseil municipal, qui vont courageusement le suivre avec très vite la création d'une association " La farine du Méjean"
et le soutien de toute la population (agriculteurs, boulangers, acteurs du tourisme...), des élus et des diverses collectivités...
De 2014 à2017, grâce à la mobilisation de financements publics en accompagnement des énergies locales et de leur farouche volonté de réussir "leur" projet, cette démarche originale et innovante - patrimoine - culture, agriculture, commerce = ensemble ! - a conduit à l'entière restauration du moulin, à sa remise en fonctionnement et à la renaissance de toute une filière ...
- Un projet à 400 000 euros subventionné par la Commune ( 20%, un très gros effort financier), des fonds publics , des dons privés et la Fondation du Patrimoine,
- l'appel à des "amoulangeurs" ( spécialistes des moulins) de la région angevine,
- l'implication des entreprises locales pour la bâtisse,
- l'adhésion des agriculteurs caussenards,
- les boulangers de Meyrueis, Florac, Ste Enimie, La Malène, conseillés par les meilleurs ouvriers de France et leur savoir-faire,
- le choix du meunier - Thierry Coulon parmi les 4 réponses à l'appel lancé,
toutes ces "compétences" réunies ont permis le 13-10-2017 la 1° mouture !
Aujourd'hui...
... Le moulin a retrouvé de sa superbe : il tourne !
La queue ou "guivre" du moulin permet de l'orienter au vent, elle repose sur la "chèvre" (2 pièces de bois croisées)
Une traction sur la longue latte de bois permet d'actionner le frein.
Girouette.
Un volontaire pour orienter le moulin ?
Mission accomplie !
* moulin à tour avec 2 portes, 1 toit de bois de châtaignier posé, une girouette "brebis" , 4 ailes de 7m. de long sur 2 m de large maintenant équipée de voiles torsadées qui ont remplacé les volets du début peu maniables, 2 meules en silex ( l'une "dormante" l'autre "tournante) plus grandes que celles d'antan, la bluterie avec ses 6 tamis , des poutres intérieures en bois de chêne,
Mécanisme d'entraînement, les dents "nommées alluchons" sont en bois plus tendre pour préserver l'installation, elles casseront en cas de blocage.
Vue arrière du rouet, les dents "alluchons" sont chevillées pour permettre de les remplacer.
Le rouet et l'engrenage entraînent la meule,
un cerclage en fer avec des patins de bois permet de freiner l'ensemble mobile,
le frein est actionné de l'extérieur par l'intermédiaire d'une longue perche en bois.
(à droite de la photo) La clochette avertit le meunier quand la réverve de blé est vide.
Le mécanisme par tension d'une cordelette, permet de régler la goulotte de distribution du grain sur la meule, donc son débit.
* moulin hybride : le vent et un moteur pour obtenir une régularité de la vitesse ( entre 50 et 70km /heure pour le vent) et donc de la mouture.
* un meunier Thierry COULON ( il forme un meunier, notre guide du jour !)
La bluterie, notre guide (futur meunier) présente un tamis.
Vue sur la meule dormante, elle repose sur deux poutres en bois de chêne.
... production : objectif dépassé !
* plus de 50 tonnes de farine locale sous la marque "la Méjeannette" à partir de céréales cultivées par quelque 22 agriculteurs caussenards en agriculture biologique ou en agriculture raisonnée,
* blé tendre, blés anciens ("le rouge de Bordeaux", " le barbu du Roussillon"), grand épeautre ( le blé des Gaulois !), petit épeautre (déjà cultivé en Egypte), seigle, sarrazin,
* plus de 85% de la production écoulés en Lozère chez 14 boulangers, 25 revendeurs de sachets de farine, une apicultrice , des crêperies , des restaurateurs....
La pugnacité et la solidarité de tous ceux qui se sont mobilisés autour de ce projet ont abouti à la sauvegarde d'un élément important du patrimoine caussenard tout en renouant avec une activité économique au profit de la population du causse Méjean!
Une visite très instructive.
Futur chantier: restaurer l'ancienne maison du meunier. Elle servira notamment à entreposer le grain et la production.
Au premier plan, l'emplacement du four. De la belle ouvrage caussenarde...
Texte : © Guy Blanc ( Compte-rendu de la visite pour la presse) , Daniel Mathieu ( partie technique) et Pierrette Oziol ( prise de notes lors de la visite) / Photos : @ Daniel Mathieu, CERBB.
Informations pratiques (site... visite...vente de la "Méjeannette"...) à retrouver sur www.moulindelaborie.com